Le bleu au-delà de David Vann chez Gallmeister
Rédigé le 3 février 2020
Premières phrases de Le bleu au-delà :
Ma mère m’a donné naissance sur l’île d’Adak, un petit amas de rochers et de neige loin dans l’archipel des aléoutiennes, au bord de la mer de Béring. Mon père servait deux ans comme dentiste dans la navy ; il avait choisi l’Alaska, car il aimait la chasse et la pêche, mais manifestement il ne connaissait rien d’Adak au moment où il avait rempli sa demande d’affectation. Si ma mère avait su, elle aurait raturé elle-même le dossier.
Pourquoi ce livre ?
Je suis une grande fan de David Vann, c’est donc toujours avec joie que je dévore les écrits de l’auteur d’autant plus quand ils sont en rapport avec son enfance tourmentée. Ici, nous avons affaire à des nouvelles, bien que je ne sois pas fan de l’exercice, je ferai un effort parce que c’est David Vann, et qu’il le vaut bien !
Roy est encore un enfant lorsque son père, dentiste et pêcheur professionnel raté, se suicide d’une balle dans la tête. Tout au long de sa vie, Roy ressassera ce drame qui deviendra son obsession, mais aussi une source, douloureuse, d’inspiration. Comment se créent et se transmettent des légendes familiales ? Quelles histoires notre mémoire choisit-elle de garder et sous quelle forme ? À partir de quelques moments intimes éparpillés dans le temps – faiblesses, infidélités, désirs, contemplations – se met en place une histoire de perte, d’amour tendre et de retrouvailles imaginaires dans les espaces sauvages de l’Alaska.
Le bleu au-delà est une version augmentée du recueil « Legend of suicide », le livre qui a donné naissance à l’époustouflant Sukkwan island.
Les nouvelles anciennes et récentes se répondent toutes entre elles et composent un ouvrage uniforme qui pose les bases de l’œuvre de David Vann.
Car ici on retrouve tous les thèmes de prédilection de l’auteur : l’image du père, la famille, le suicide, les aquariums.
Ce petit recueil m’a complètement captivée, je l’ai d’ailleurs lu d’une seule traite. Il faut dire qu’il m’est toujours difficile de poser un livre de David Vann tellement l’écriture de celui-ci est addictive. Retrouver Roy dans chaque nouvelle fut un réel plaisir.
Le style de David Vann est d’une maturité incroyable, et plus encore quand il aborde son passé douloureux. C’est, à mon avis, dans ce genre de récit qu’il est le plus brillant.
Ce petit livre est une belle porte d’entrée dans l’univers de David Vann. Je le recommande fortement aux chanceux qui n’auraient pas encore découvert ce magnifique auteur. Mais je le recommande aussi à ceux qui le connaissent déjà, car vous allez y retrouver tout ce que vous aimez chez lui !
Bref, un livre à découvrir sans modération même si, comme moi, les nouvelles vous font peur.
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Le bleu au-delà de David Vann chez Gallmeister est publié dans la catégorie Lectures d’Amérique du Nord avec le(s) Thème(s) : Gallmeister
Je trouvais que ça me rappelais quelque chose… j’ai lu le recueil initial. Du coup, je pense que je vais rester sur cette impression.
il y a quand même 7 nouvelles de plus que » legend of the suicide », je pense que lire celui-ci ne sera pas une redit.
je me disais : c’est donc de la non fiction ? pas une version romancée ? j’ai lu son essai sur les armes, excellent également ! je le note
Non ce n’est pas de la non fiction, c’est effectivement romancé plutôt. Disons que Roy est une sorte d’alter ego de David.